Vous connaissez peut-être les romans policiers d’Eric Ambler (1909-1998)… ? J’ai été fascinée par L’héritage Schirmer… Le nœud de l’histoire met en scène un soldat déserteur qui brusquement se réinscrit dans sa lignée, et ce petit passage d’un livre apparemment anodin a pour moi été bouleversant. Dans le livre, il y a un messager ; dans la « vraie vie », c’est ce même besoin qui lance des personnes aux tempéraments très variés sur les chemins de la recherche généalogique. « On » fait souvent semblant de le prendre pour un passe-temps agréable pour retraité, même si pour moi ce « on » désigne tout ceux qui considèrent que le travail sur soi est un truc tordu, lourd, austère, etc. Le travail sur l’arbre parait déjà plus sulfureux puisqu’il s’agit de psychanalyse et que ce « on » a capté que « ça » perturbe. Je dirais qu’il s’agit de se transformer. Peut-être ne s’agit-il au fond que de transformer son rapport au monde ? Mais là, je m’égare, je pense à ma mère qui a longtemps clôt toute discussion en disant « Je suis comme ça, vous ne me changerez pas »… 

Quelle folie de penser qu’il est impossible de changer, alors que le monde change en permanence autour de nous et nous soumet toujours à des situations différentes – de toutes petites différences, ou de très grandes. Pourtant, quand nous disons « je », depuis que nous avons six ou sept ans, nous faisons référence au même sentiment intérieur. À trente, quarante, soixante, quatre-vingt ans, nous ne sommes plus les mêmes et pourtant ce sentiment intérieur du « je » est le même. Qu’est ce qui ne change pas alors ? Je ne vais quand même pas donner raison à ma mère !

Le huitième épisode est métaphysique… Il cherche dans les filiations entre les prénoms, dans les répétitions de dates, dans les noms inscrits dans le territoire. Et quand il trouve, on dirait qu’il n’en mesure pas la portée.