La toponymie
L’épisode 6 est celui où la recherche de La Renarde bascule. Jusque-là, on tâtonne ; tout d’un coup, un axe apparaît : la nécessité d’aller voir sur place, de se frotter au site. Les mots ne suffisent plus. Il faut mettre en jeu le corps, capter physiquement les sensations d’un lieu.
Différentes strates du monde
Dans cet épisode, on scrute le paysage, le territoire. L’espace peut-il apporter des réponses à des questions que l’on ne sait pas cerner ?
Dans une des bulles, l’historien Jacques Hantraye donne une piste :
la toponymie raconte la manière dont les hommes ont modelé un territoire, dont ils l’ont exploité, occupé, dont ils se le sont partagé. L’espace parle. Il est modelé par la géographie, puis par l’histoire.
Il raconte aussi nos affects, quand nous nous installons à côté ou loin de quelqu’un. Il parle de nos goûts, de notre culture esthétique personnelle, quand les lieux que nous aimons sont épurés ou chargés d’objets ; rocailleux ou verdoyant, plats ou accidentés.
La Renarde : la nécessité de se frotter aux lieux
Nous ne leur avons pas donné la parole dans cet épisode ou dans le feuilleton, mais un sourcier sentirait l’eau, un paysagiste pourrait dire qu’une ligne de peupliers témoigne de sa présence en sous sol, un architecte pourrait parler des vents dominants en regardant les maisons traditionnelles. Pour autant, ces savoirs n’épuisent pas la compréhension du réel. Le peintre et écrivain Henri Cueco aborde le paysage comme un champ de projection des préoccupations personnelles de chacun. Quand lui voit la beauté d’un champ de Colza, un paysan y lit la nature du sol.
De même, dresser son arbre généalogique, en soi, ce n’est rien. Il faut la méthode que propose la psychanalyse transgénérationnelle pour en faire un outil efficace d’investigation personnelle.
Le monde est ainsi fait de strates, que nous cherchons à décrypter pour nous orienter dans l’existence.
Plusieurs langages coexistent, chacun avec leurs limites, ou celles que nous lui donnons.